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dimanche 6 Juil 2025
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Mai 1924 : le cartel des gauches met le feu a l’Alsace

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Les élections législatives françaises du 11 mai 1924 mènent à la victoire du Cartel des Gauches – c’est-à-dire de l’alliance des socialistes, les communistes et des radicaux. Conduit par le maire radical-socialiste de Lyon, Edouard Herriot, le Cartel des Gauches emporte plus de la moitié des sièges au Parlement. Millerrand, le président de la République est contraint à la démission. Gaston Doumergue lui succéde et charge Herriot de constituer son gouvernement.

Comme souvent, les résultats électoraux alsaciens suivent une logique toute différente. En effet, la situation est bien différente puisque les centristes et la droite remportent une large victoire. Ainsi, la droite (Volkspartei et Parti républicain-démocrate) recueille 47,8 % des suffrages et obtient 13 députés (8 pour la Volkspartei – Walter, le chanoine Müller, Seltz, le Docteur Oberkirch, le Docteur Brom, le Docteur Pfleger, Bilger et Silbermann – et 5 démocrates – Jourdain, Scheer, Burger, Frey et Altorffer).

La Cartel des Gauches se content de 3 sièges : deux socialistes (Jacques Peirotes, maire de Strasbourg/Strassburg et Georges Weill) et un communiste, le séparatiste Charles Hueber. Le score des communistes en Basse-Alsace (14 %) et d’ailleurs d’autant plus remarquable que le programme s’appuie sur un approche social-révolutionnaire couplées avec la revendication du droit à l’autodétermination, y compris le droit à la séparation.

Ce fossé politique entre l’Alsace et l’outre-Vosges va s’accentuer inexorablement. En effet, le programme électoral des radicaux contient notamment l’abrogation du Concordat en Alsace-Lorraine et l’introduction de « l’ensemble de la législation républicaine » : il faut comprendre par-là l’introduction des lois laïques et la suppression de tous les particularismes. Le nouveau président du Conseil, Edouard Herriot, ne fait aucun mystère de sa volonté d’achever sans plus attendre l’assimilation de l’Alsace. Dans sa déclaration d’investiture, il affirme que cette politique correspond au « voeu des chères populations enfin rendues à la France ». Cette assimilation aurait notamment pour conséquences la suppression du Concordat napoléonien de 1801 (aboli en 1905 par la IIIe République), celle de la loi Falloux de 1850 (abolie en France en 1881) et enfin celle des derniers vestiges de l’administration régionale.

Les intentions de Herriot mettent immédiatement le feu aux poudres en Alsace où la population, à maintes reprises, avait manifesté son attachement à la législation régionale. Elles cristallisent autour d’être tous les mécontentements latents et surtout catalyse les aspirations autonomistes. Une vague de protestation et d’indignation submerge l’Alsace-Lorraine. Les Alsaciens entendaient exprimer leur colère, car ils estimaient que la France avait failli à sa promesse en violant les engagements solennels de ses plus illustres généraux, comme Joffre, Pétain, Gouraud, ou de ses grands chefs politiques, comme Poincaré, Millerrand ou Deschanel, qui tous avaient promis, la main sur le cœur, le maintien des droits spécifiques.

Au nom des 21 (sur 24) députés alsaciens-lorrains, Robert Schuman proteste solennellement contre la nouvelle politique gouvernementale. (Les conseils municipaux, 675 sur 943, protestent eux aussi. Même le député communiste Charles Hueber, pourtant élu avec le Cartel des Gauches, tient à marquer son opposition à l’école laïque en Alsace, en affirmant : « Ich sehe in einer Schule lieber das Bild des Gekreuzigten als das Bild eines französischen Generals. » (« Je préfère voir à l’école l’image du Crucifié qu’à celle d’un général français. »)

Le 22 juin 1924, c’est au tour du Mgr. Ruch, évêque de Strasbourg/Strassburg, de monter au créneau. Dans une lettre, il invite le clergé à la résistance : « L’heure n’est plus aux phrases mais à l’action. Les droits et libertés religieuses des catholiques d’Alsace sont menacés. », écrit-il. Quelques semaines plus tard, les églises protestantes prennent également position.

Les réunions de protestation se multiplient dans toute l’Alsace. Le 20 juillet 1924, une gigantesque manifestation réunit plus de 50 000 personnes à Strasbourg/Strassburg, plus de 50 000 personnes. Les centristes de la Volkspartei (U.P.R) se montrent particulièrement violents dans leurs critiques de la politique religieuse du Cartel des Gauches. Le député Pfleger parle de « grossier défi » et estime que l’Alsace-Lorraine constitue non seulement une minorité religieuse, mais aussi une « minorité nationale ». Le 16 mars 1925 : Mgr. Ruch donne le signal de la grève scolaire en Alsace. Dans 324 communes, la grève est suivie à 100 % et dans 277, de 80 à 100 %.

Quelques semaines plus tard, le 10 avril 1925, le gouvernement Herriot chute. Son successeur, Paul Painlevé, tient alors à éteindre l’incendie. Provisoirement, l’Alsace a gagné son bras de fer.

Les questions religieuses ont piqué les Alsaciens à vif et s’avèrent être un catalyseur à des revendications qui couvaient depuis l’annexion consécutive au Traité de Versailles. Car le mal est alors profond. Ces questions religieuses ont pu un temps servir de tremplin aux autonomistes. Toutefois, elles ne constituaient pourtant qu’un volet mineur de leurs préoccupations. Sur un plan stratégique, les autonomistes voulaient au contraire mettre en arrière-plan les sensibilités religieuses et politiques, pour privilégier une stratégie de rassemblement large autour de la revendication identitaire. Les autonomistes préféraient porter un projet politique, social et culturel pour l’Alsace, axé autour de l’autogestion régionale et de la défense de l’Elsässertum, et plus loin, sur une nouvelle approche de l’éthique démocratique. Celle-ci visait notamment à une répartition plus équitable des pouvoirs dans le pays et à l’établissement de rapports entre l’Etat et la minorité nationale qui ne devaient plus se situer dans le schéma manichéen des rapports de forces mais dans celui d’un respect mutuel, inscrit dans la Constitution.

L’épisode du Cartel des Gauches marque une bascule dans l’histoire alsacienne : il annonce la montée des courantes autonomistes et l’apparition d’une bipolarisation de la vie politique alsacienne. Celle-ci se partagera alors entre deux pôles antagonistes : les nationaux, prêts à sacrifier toutes les spécificités régionales sur l’autel de la « grande patrie », et les autonomistes, proches du peuple et qui entendent demeurer fidèles à l’Elsaessertum et à leur Heimat.

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